2007
Sept Contes à Barcelone
Reportage de Laura autour la présentation des
traductions espagnoles et catalanes du livre "SEPT CONTES DU PAYS
D'EN FACE"
Bon! aujourd'hui c'est LE GRAND JOUR. Je veux dire que ce
n'est qu’aujourd'hui ou JAMAIS ! Si je n'ose pas me rapprocher
c’est parce que je suis plus idiote que ce que je pensais ; ce qui est hautement
probable.
Pendant toute la journée j'ai travaillé comme si de rien n’était. Je ne me suis pas énervée. J’ai
maintenu pendant toute la journée un haut degré de dignité.
Maintenant, il est cinq heures et je vais quitter le boulot. Je m'en vais
directement du travail à l’ FNAC. J'y arriverai vers six heures et je
profiterai pour chercher quelques DVDs que j'ai réservés. Après je vais
m'asseoir tranquillement dans la petite salle - auditorium. Et
voilà ! On va voir comment finit
cette drôle histoire !
Hier je me
suis occupée à préparer une stratégie
"d’approche au but" pour obtenir une dédicace sur le livre que
j'enverrai à Tin en Hollande.
Ce n’est que parce que je ne veux pas n’importe
quelle dédicace.
Je voudrais qu’il puisse bien identifier la personne à laquelle il dédie le
livre. Je pense que, puisque Tin rassemble depuis quelques années toutes sortes
de documents de presse écrite, de photographies, de disques et
d’enregistrements sonores ou visuels, elle mérite que, la personne qui est
l'objet de son attention dans des moments d'oisiveté, lui consacre deux minutes
de son temps.
Moi personnellement, je n’ai jamais très bien compris le collectionnisme par
plaisir. Peut être parce que je suis incapable de rester aussi fidèle, j’ai
besoin d’avoir de nouvelles émotions plus souvent. Mais
je comprends qu'il y ait des gens qui vivent le collectionnisme comme un défi
personnel. Ces gens aiment trouver ce qui est « introuvable » et plus leurs trouvailles sont difficiles
plus elles deviennent importantes.
Étant donné que je ne sais pas bien si, une fois au FNAC, je resterai
muette, ou je partirai en quatrième vitesse ou le sol m'avalera, j'ai pensé à
faire un marque-pages plastifié. Je vais mettre la photo que Tin utilise dans
le Fòrum et dessous une phrase en français en sollicitant, poliment, une
dédicace pour elle.
Je suppose qu'il n'y aura
aucun inconvénient et alors, ensuite, avec une habile manoeuvre de distraction
je vais passer mon exemplaire à signer et le tour est joué !
Je crois que cette fois j'oserai me rapprocher. Il
ne manquerait plus que ça ! En fin de compte, nous serons tous là pour le
même but et lui, il n’aura pas à chanter. Il devra
seulement signer des livres et c’est tout !
Ce soir nous allons au
Palau voir un concert des soeurs Labèque qui jouent du piano à quatre mains ou
deux pianos en même temps. Ainsi je me mettrai dans l’ambiance pour le concert
de vendredi.
Ah ! aujourd'hui au boulot, tous ceux qui ont entendu la radio ou ont lu la
presse m'ont téléphoné, m'ont envoyé un e-mail ou sont venus me voir avec la
coupure de journal correspondant. Je dois être très répétitive à ce sujet parce
que tous ont pensé à moi.
Description illustrée des faits
qui se sont produits l'après-midi du 18 janvier 2007 au FNAC de l'Illa Diagonal de Barcelona et qui démontrent,
avec toute sorte de preuves, qu’on ne connaît aucun auteur interprète, écrivain,
critique-littéraire, manager de maison d’éditions ou journaliste - soit national ou étranger – qui ait avalé,
dégluti, mangé ou dévoré aucune
persévérante - pour le dire d'une manière douce – admiratrice, bien qu’elle
soit ennuyeuse comme la pluie !
Laura arrive guillerette et fière
vers les 6:15 pm au lieu des faits, approvisionnée de trois exemplaires du même
livre - deux en castillan et un en catalan – de quelques marque-pages et aussi
de quelques invitations qu'elle a ramassées sur son chemin, pour les faire
parvenir à la collection privée d'une amie .
L'invitation informe que l'auteur du livre ne sera pas seul. Il sera accompagné par quelques personnalités, de
prestige, de la vie culturelle de notre pays
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Monsieur Lluís Llach
- Oh! – je me demande – Le verrons-nous sans le bonnet et l’écharpe,
aujourd’hui ?
Madame Marina Rossell
- Quelle chance! – je me dis – de voir un visage féminin et agréable
Monsieur Pere Sureda, manager
de la maison d’éditions Belacqua
- Celui-ci - je pense - est le responsable de tout ce vacarme médiatique, parce que,
bien entendu, s'il ne vend pas de livres il ne trouvera pas son compte.
Monsieur Joan de Sagarra
- Tiens ! J’aimerais bien entendre
parler ce monsieur. Je lis chaque dimanche ses chroniques de « La
Torna » dans La Vanguardia. De plus, très souvent je partage son avis.
À cette heure, quand il manque encore plus d'une
heure pour que l'acte commence, il y a déjà deux personnes assises dans la
salle.
- Qu'est-ce que vous dites ? Voulez-vous
savoir qui sont ces personnes ? Bon, je ne les connais pas, mais je sais
ce que vous pensez : OUI CE SONT DEUX FEMMES ! comme l'immense majorité
des personnes. Qu'est-ce que vous voulez, si la plupart des hommes n'ont pas de
sensibilité ?
L'estrade est vide et
parterre il y a un long comptoir et quatre barres métalliques.
Laura est assise à la première file et elle
a réservé à côté un siège pour son photographe qui lui a annoncé qu'il arrivera
vers sept heures. Un peu plus tard une autre spectatrice arrivée et s’assied de
l’autre côté. Tout de suite les deux
copines amorcent la conversation.
Bientôt
quelques ouvriers arrivent et montent une table sur l'estrade, ils y mettent
quelques nappes, les micros et plusieurs exemplaires des livres en exposition.
- Woua! Ceci
promet, je ne suis qu’à trois ou quatre mètres du lieu du crime. Oserai-je faire le bond ?
Le photographe arrive à sept heures et s'assied sur le
siège réservé tout annonçant qu’il a
vu le "maître" dehors
qui bavarde amicalement avec Lluis
Llach et d’autres inconnus. Ils ne sont
pas, tout à fait protégés de la horde d’admirateurs, non ! Ils sont là
devant la porte d'entrée !
Laura - qui est totalement décidée à l’aborder - pense que, peut-être, ce serait mieux de
l'approcher à ce moment. Elle a peur que la horde de journalistes et du public
lui gâchent le maître pour le reste de la soirée.
Donc,
elle se lève, prend le livre, le
marque-pages et le stylo à bille, et marche vers l'entrée avec le photographe
comme garde corps. Là elle constate que, effectivement, ils bavardent
amicalement et, comme Laura a été élevée dans tout le bon et meilleur de
l'école franquiste, elle n'ose pas déranger et elle commence à faire des signes
à un individu qui est à côté du groupe mais qui seulement regarde et ne dit
rien.
Le monsieur se rapproche et Laura introduit le sujet tout
en faisant usage de ce qu’on lui a appris au boulot par rapport à la
communication verbale, gestuelle et visuelle.
-
Attention ! Je veux seulement qu’il me signe un livre qui n'est pas pour
moi ! S’il vous plaît, c’est très important ! Je ne vais lui prendre qu’un
instant ! Je vous assure que je n’ai pas l’intention de me lancer sur
lui !
Rien à faire ! L'homme a bien
appris sa leçon :
- Bon, vous savez …. il est très
fatigué,….aujourd'hui le jour a été très épuisant , …. nous l’avons accompagné à
l'hôtel pour qu'il se repose. Et maintenant, comme vous pouvez voir, il a un
moment et parle avec ses amis, qu’il ne rencontre pas souvent…….On ne peut pas
l’ennuyer. Je sais … pour les admiratrices …tout est très important ..bla,bla
et bla.
Mais, ne vous inquiétez pas, je vous
promets que vous ne quitterez pas le FNAC sans une signature de l’auteur dans
votre livre.
Voilà
la preuve
Description du moment:
Ce monsieur qui s'entête à me dissuader avec toutes espèces de
phrases et de grimaces est le grand coupable de la fatigue du
"maître", c'est-à-dire, il est monsieur Sureda, manager de la maison
d'édition Belacqua. C’est LUI qui l'a fait marcher d’un bout à l'autre
de la ville en s’arrêtant chez
tous les médias possibles.
Finalement, Laura revient à son siège, suivie de son assistant et
pense :
- Arrête
ton baratin! Quel baratin!. L’excuse de sa rencontre avec des amis qu’il ne
voit pas depuis longtemps ne passe pas!. I Si il veut les voir il a plus d'une
occasion. Par contre, moi, il n'aura pas beaucoup d'occasions de me voir parce
que je n’accorde pas très souvent des interviews. De plus, monsieur Llach reste muet et moi, j’aurais vite fini mes
affaires avec l’artiste. Et, attention: à ne pas douter, je ne vais pas partir
d’ici sans une signature
A 19:30 les protagonistes de la soirée font leur entrée triomphale dans une salle pleine
à craquer. Ils prennent leurs positions sur l’estrade et s’asseyent avec discipline.
Tout de suite une foule de photographes de presse envahit le couloir qui sépare
l'estrade de la première file de sièges et nous empêche de voir le tableau.
Quand ils ont pris toutes les photos possibles, ils partent vers les couloirs
latéraux de la salle et alors c’est le tour à mon photographe.
Description du moment: Monsieur Llach révise le livre à toute
vitesse et il n’a enlevé ni son bonnet ni
son écharpe, malgré que la température extérieure est de 14 ºC et intérieure de
plus de 20 ºC.
- Lluís, dis moi
: Les enlèves-tu pour
dormir ? Qu’est que tu fais quand tu as besoin de les laver ? As-tu,
peut-être, plus d’un de la même couleur ?
Le maître bavarde et bavarde avec Marina et ….mon
photographe, qu’est-ce qu’il a fait, mon Dieu? La photo est
terriblement floue, je devrai prendre des mesures énergiques quant à la continuité
de son travail professionnel avec moi. Serait-il malade de Parkinson ?
Même l’image du livre – théoriquement immobile sur la table – est floue !
Je vais l’amener chez le médecin !
La présentation commence en suivant
l’ordre :
1. Monsieur Sureda - celui qui m'a
fait la promesse - fait une introduction générale du sujet qui nous a réunis.
2. Lluís Llach nous annonce qu'il est
là principalement pour payer des dettes de gratitude. Il est bien connu qu’on a
des amis pour ce genre d’échanges !
Il nous dit que quand il est allé à
Paris, spécialement en temps difficiles, il a toujours été bien reçu et s'est senti
accompagné. Il n’y a pas assez d’argent au monde pour rendre certaines
attentions. Alors, Lluís prend le livre - version catalane - et commence à lire
le conte d'Hassan :
"Hassan était un troubadour comme
on en rencontrait au Moyen Age, amoureux de sa viole, amoureux de son
indépendance, amoureux de l'amour à travers toutes les femmes qui le charmaient
et qu'il charmait au cours de ses voyages."
Ici il s’arrête, il nous regarde en face et nous avoue
qu'il vient de découvrir qu'il s'agit d'une histoire autobiographique :
- C’est lui ! – s’exclame Lluís - C’est tout à fait LUI ! N’est-ce pas ?
Et nous tous -
bon, plutôt nous toutes -
sourions et disons :
- Mais, oui! Bien sûr !. C’est
lui ce troubadour qui parcourt les villages avec sa guitare en bandoulière, qui
éblouit les jeunes filles lesquelles tombent facilement amoureuses à ses pieds,
pour ensuite s’en aller en faisant demi tour et retourner d’où il vient,
toujours à la recherche de nouvelles émotions !
Mais Laura qui a eu toute sa vie le
sens critique assez accentué se fait la réflexion suivante qu’elle adresse,
principalement, au public féminin :
Oh les nanas ! On ne va tout de
même pas croire tout ce que les hommes racontent sur leurs "conquêtes
amoureuses " on aurait l’air
malin ! Mon conseil : croyez la moitié de la moitié de ce qu'ils racontent
et peut-être qu’il en restera encore trop.
J’ai lu
l’histoire d'Hassan en français autour du mois de septembre et, sincèrement,
l'histoire m'a un peu déçue. Je vais vous expliquer tout de suite le pourquoi
de ma déception :
En voyant que Hassan avait fait une fille et que celle-ci
avait hérité quelques-unes des qualités poétiques du père j'ai pensé que la
fillette se consacrerait, peut-être au métier du père. Mais NON
!
Tout à coup l’histoire s'embrouille de plus en plus et, par art de magie,
apparaît sur la scène un troubadour successeur qui est, naturellement, du GENRE
MASCULIN !
Et maintenant monsieur l’écrivain, je vous pose une
question :
- Pourriez vous me dire qu’est-ce
qu’il y aurait de surprenant dans une belle « trobairitz » ,
chanteuse, voyageuse et séductrice d’hommes ingénus ?
Il existe des
précédents et pas loin d’ici, voilà :
Beatritz,
comtesse de Dia, est une trobairitz (poétesse)
occitane de la fin du XIIe siècle. Œuvres Ab joi et ab joven m'apais A chantar m'er de so qu'ieu non volria Estât ai en greu cossirier Fin ioi me don'alegranssa |
3. C’est le tour
à Marina de louer le "vieux maître".
- Marina, Marina ! Ce n’est pas Matusalem ! N’irais-tu
peut-être pas un peu trop loin ? Je suis d’accord qu’il a grandi, c’est vrai,
mais c’est un homme mûr qui fait plaisir à voir. N’est-ce pas vrai ?
4. Ensuite, Joan de Sagarra prend la
parole et fait le discours le plus sage de tous. Bon, moi, je n’attendais pas
moins.
Il avoue qu'il écoute des chansons de
Moustaki tandis qu'il travaille. En ceci nous coïncidons.
Il nous dit qu'il était arrivé à la conclusion que ce
n’était pas exactement la môme Piaf qui a fait une grande faveur au jeune gamin
Georges, mais plutôt le contraire : C’était le gamin qui a offert à la môme un
cadeau plus précieux qu'un bijou : la chanson Milord et Edith
n’aurait jamais pu payer ce cadeau avec tout l’argent du monde.
Et voilà que vous monsieur de Sagarra et moi même avons
plus de pensée en commun que ce que je croyais. Maintenant je vois cette histoire
beaucoup plus clair qu'auparavant. Vous l’avez expliqué tellement : « clar
i català! » (en bon français !)
Alors, Laura ne commente plus le discours du critique
littéraire parce que ce dernier a publié dans La Vanguardia un article qui
raconte sa rencontre avec l’auteur. Ça ne vaut pas la peine d’essayer :
Personne ne peut expliquer mieux que lui même !
Finalement le protagoniste à qui on rend hommage prend la
parole assisté de sa traductrice, Katy.
Voilà le document graphique :
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Ici il parle
en français |
Ici Katy traduit |
Il nous rappelle qu'il n'est pas écrivain,
que ces contes lui sont arrivés comme ça, comme si de rien n’était.
Il a l’air d’être tout à fait à son aise et semble
véritablement heureux au milieu de tout ce brouhaha. Il remercie le public
d’être là et voilà.
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Ça, c’est tout ?
Pas de
mention de signatures de l’auteur ? Pas
de chance ?
Les amis de Georges se lèvent de leur
chaise avec l'intention de partir. Ils ont fini leur travail !
Mais Laura - qui voit sa mission en danger - met sa bonne
forme physique en avant en se remerciant au fond d’elle-même pour tous les
efforts et la sueur qu’elle verse chaque jour au gymnase, et se plante d'un
saut sous le nez de notre écrivain-compositeur-interprète, pourvue de ses
livres et du stylo à bille.
Et
voilà :
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1. Monsieur Sureda avec un doigt menaçant essaie
d’expliquer que, malgré les apparances, je ne suis pas dangereuse. |
2. Ici j’ai déjà ouvert le livre et il y a
quelqu’un qui essaie d’y mettre sa cuillère, malgré qu’il n’a pas été invité
à la conversation intime et superprivée. |
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3. Ça ne va pas si mal. Il a mis ses lunettes et fait son
petit sourire. Ceci va de
l’avant! |
4. Le livre est déjà signé pour Tin et moi
je suis encore vivante: But atteint avec succés! |
Mon photographe et moi nous pressons
pour sortir de la première file avant que tous ceux qui sont derrière nous se
jettent dehors à coups de pied et on
décide partir.
En sortant, je rencontre Paco Ibañez et suis prête à lui
dire :
- ¡ Hola Paco ! ¿ Toi par ici ?
Mais je réfléchis et pense :
- Tais-toi Laura, il
ne te connaît absolument pas! Tu mêles la réalité à la fiction.
Marina se promène par là et je profite
pour lui demander de me signer aussi le livre. Je lui explique que c'est pour
une amie hollandaise qui, bien qu’elle ne comprend pas une goutte de catalan ni
castillan, elle connaît ses chansons. Principalement celles qui sont
enregistrées avec Moustaki quoiqu’elle connaisse également d’autres disques que
je lui ai envoyés. Je lui explique qu'avec Tin nous nous sommes connues
virtuellement à travers le forum d'amis de Moustaki.
Je lui demande de faire le possible
pour chanter Rodamón avec Moustaki au concert du Palau.
J’ai l’impression que je le lui ai expliqué si vite
qu'elle ne sait pas du tout de quoi je parle et doit penser que je suis un peu
demeurée.
- Oui, Oui, Marina, tu as raison ! Je suis folle
comme une cafetière.
Une fois chez moi, après avoir à peine dîner à cause de
la douleur d’estomac d’origine purement nerveuse, je me pince encore et me
demande si je n'aurais pas rêvé toute cette histoire.
Récueil de la presse
espagnole (traduction en français par Laura):
07-01-2007 El Mundo
19-01-2007 La contra - La Vanguardia
19-01-2007 El País